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La Compagnie Paquet au Maroc

par Jacques-Deric Rouault

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4 Mai 2012

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Jacques-Deric Rouault, 2012. La Compagnie Paquet au Maroc. Rastell Toull page C134.

Présentation

    Cet article reprend un article que j'avais appelé La compagnie Paquet, le Djenné et son pacha et que j'avais publié en 2007 sur Internet. A la suite de cette publication, j'avais reçu plusieurs courriels, témoignages et commentaires. Je me dois de préciser ici que je ne dispose pas d'autres informations sur ce thème que celles que je publie ici.

Les liaisons Maroc-France
 
    Dans les années 1960, le transport des personnes entre le Maroc et la France pouvait s'effectuer de plusieurs façons différentes :

    -  Par  paquebot ou cargo mixte, avec la ligne principale Marseille-Tanger-Casablanca. Ce mode de déplacement traditionnel depuis le protectorat durait 3 jours, et plusieurs compagnies faisaient la liaison, en particulier la Compagnie Paquet. Il m'est arrivé de voyager entre Casablanca et Bordeaux ou Nantes sur des cargos mixtes ou mêmes pas mixtes du tout. Mon estomac a pour toujours conservé le souvenir du golfe de Gascogne, assaisonné des odeurs de peinture et de mazout.

    -  Par chemin de fer, en prenant le train de Casablanca à Tanger, le ferry de Tanger à Algésiras, le train d'Algésiras à Madrid puis de Madrid à Paris Austerlitz, sachant que les voies ferrées espagnoles n'ont pas le même écartement (1668 mm) que les voies françaises (écartement standard UIC de 1435 mm) . Le voyage dure 2 jours. Je l'ai pratiqué en 1975.

    -  En voiture, depuis les années 1950, avec l'ouverture de l'Espagne franquiste au transit des étrangers. Il fallait 3 jours et demi pour rallier Casablanca à Nantes, sous réserve que le véhicule ne tombe pas en panne dans la campagne espagnole ... et les divers controle de police et de douanes : Arbaoua pour passer du Maroc français au Maroc espagnol, puis celle de Cuesta colorada pour quitter la zone espagnole et entrer dans la zone libre de Tanger. Ensuite, on prend le ferry pour Gibraltar. A Gibraltar, territoire brittanique, on roule à gauche, et il traverser la piste d'atterrissage pour rejoindre l'Espagne (La linea de la conception) et retrouver la droite de la route ... Il y avait également des liaisons maritimes entre Tanger et Algéciras, ou Ceuta (en zone espagnole) et Algéciras. Maintenant c'est la route (deux voies pas très larges) avec des camions qui se trainent et fument leur gazolina ... On arrive enfin à Irun, le dermier poste de douane, et après avoir traversé la Bisassoa, c'est Hendaye, en France ...

    -  En avion, avec autrefois les Super-Constellation d'Air France, qui plafonnaient dans les nuages à moins de 7000 m, et vous secouaient comme un shaker et devaient atterrir d'urgence quand les orages étaient trop violents ... Il y a ensuite eu les Caravelle (voir le crash de 1961), puis les Airbus et autres Boeing actuels qui mettent environ 2 heures. Ce moyen de déplacement de transport très rapide a pratiquement supplanté tous les autres ...

    - En autocar direct, sans doute le moyen actuellement le plus économique ...

Les liaisons maritimes Maroc-France
 
    Plusieurs compagnies se partageaient les liaisons maritimes France-Maroc :

    - La compagnie Paquet avec l'Ancerville, l'Anfa, l'Azemmour, l'Azrou, le Chella, le Djenné, le Doukkala, le Koutoubia, le Lyautey, le Maroc, le Medie II, sur la ligne Marseille, Tanger, Casablanca. Certains bateaux continuaient sur Las Palmas, Santa Cruz de Tenerif, Dakar et même Pointe Noire ?
     - la Compagnie Fraissinet avec le Foch, le Général Mangin, le Jean Mermoz, sur la ligne Marseille, Casablanca, Tenerife ou Las Palmas, Dakar, Abidjan, Pointe Noire.

    Voici deux photos faites par mon père sur le Maroc, lors d'une traversée Casablanca-Bordeaux en 1953

     

La Compagnie de Navigation Paquet (CNP)
 
   La Compagnie de Navigation Nicolas Paquet Ainé et Cie fut crée par Nicolas Paquet en 1858. En 1860, Paquet signe un contrat avec l'Espagne pour transporter les troupes qui doivent combattre l'insurrection du Rif. Les lignes commerciales de la Compagnie Paquet s'étendent progressivement à tous les ports du Maroc puis aux iles Canaries, au Caucase et à la Mer noire. 1907, la Compagnie transporte les troupes françaises qui vont pacifier le Maroc et poursuit la ligne sur l'Afrique noire.

    En 1913, la société est rebaptisée Compagnie de Navigation Paquet (CNP) et possède 15 navires. De 1922 à 1935, elle se recentre progressivement sur la ligne Maroc-Afrique noire avec 6 nouveaux batiments de ligne dont  l'Anfa, le Maréchal Lyautey, le Nicolas Paquet, le Chella et plusieurs cargos.

    La plupart de ces bateaux furent perdus durant la seconde guerre mondiale, et les batiments survivants étaient obsolètes. Seuls le Djenné et le Koutoubia purent être renfloués. Le Lyautey fut lancé en 1952 pour la désserte du Maroc et du Sénégal.

      

    A partir des années 60, la concurrence du transport aérien se fit trop forte et la Compagnie Paquet dut progressivement réduire le trafic maritime des passagers. Elle créa une filiale, la Compagnie Française de Navigation, qui reprit le Koutoubia, le Djenné et le Lyautey sous les noms respectifs de Phocée, Césarée et ?. sur la ligne Marseille Haïfa jusqu'en 1966.

    En 1964, La Compagnie Paquet reprend les 5 derniers paquebots de la Société Générale des transports Maritimes et crée la Nouvelle Compagnie des Paquebots. Petit à petit, elles suprime les lignes régulières au profit des croisières. La société disparait en 1993 dans des concentrations européeennes.  Aujourd'hui, Paquet n'est plus qu'une agence de voyages.

Le Djenné
 
    Du nom de la ville de Djenné, actuellement au Mali. Ne pas confondre le paquebot Djenné, de la Compagnie Paquet, avec le pétrolier Djené, de la Compagnie de navigation mixte. Le Djenné avait un frère jumeau, le Koutoubia, et deux frères qui leur ressemblaient beaucoup, le Lyautey (1924) et le Maroc.



    Le Djenné a été construit en 1930 aux Forges et chantiers de la Méditerranée à La Seyne sur mer (Var). C'est un navire de 136.90 metres, de 8 799 tonneaux et pouvant transporter 533 passagers en cabine et 700 rationnaires en entreponts, plus 4971 tonnes de marchandises. Il était propulsé par deux groupes de turbines de 8902 chevaux qui le propulsaient à 16,5 noeuds.



    Dès 1931, le Djenné et le Koutoubia font la ligne Marseille, Tanger, Casablanca.   

   
    Au début de la seconde guerre mondiale, le Djenné est tout d'abord réquisitionné pour être armé en croiseur auxilliaire à Toulon, mais ce projet est très vite abandonné. Le 18 Avril 1940, il appareille de Brest vers la Norvège dans le convoi FP2 avec à son bord la 27e demi-brigade de Chasseurs alpins. En Septembre 1941, il rappatrie des troupes françaises depuis la Syrie. En février 1943, le Djenné est saisi par les allemands suite aux accords Laval/Kaufmann. Le 17 Octobre 1943, il appareille de Marseille pour Oran pour un échange de prisonniers. Le 25 Octobre, nouvel échange de prisonniers à Barcelonne. Le 10 Novembre, il est restitué à L'Etat français avant d'être sabordé par les allemands le 26 Aout 1944 à quai dans le port de Marseille. Il sera renfloué le 26 aout 1946 et remis en service le 7 Aout 1948.






 
   


    Voici 3 photos originales du Djenné faites en 1951 par mon père dans le port de Casablanca :

      

    Le premier Juin 1952, à cause de la brume, le Djenné aborde le vapeur néeerlandais Japara dans le détroit de Gibraltar. A Marseille, la proue du bateau est entièrement refaite et change de forme. Il n'a plus qu'une cheminée au lieu de deux, ce qui permet de dater les photos.




    

    En 1958, Le Djenné est modifié pour transporter 350 passagers en cabine et 636 en entrepont.
   
    En Septembre 1962, le Djenné est transféré à la Compagnie Française de Navigation et devient le Césarée. Ce changement de nom et de compagnie a permis à la Compagnie Paquet de contourner sans problème le boycot d'Israël organisé par la Ligue arabe.



    Le Djenné est retiré du service en 1964. Il est vendu à la ferraille en 1965 à Split (Yougoslavie) et démoli en mai 1966.

Alfred Robin, commandant du Djenné
 
    Ma famille, qui vivait à Casablanca, a bien connu Alfred Robin, le commandant du Djenné. Voici dans quelles circonstances.

    Dans les années 50, Alfred Robin commandait le Djenné sur la ligne Marseille, Tanger, Casablanca. Il avait une fille que son travail avait conduit à Casablanca comme secrétaire bilingue à la Western Union. Il la retrouvait à chaque escale.

    Le quatrième fils d'une cousine germaine de mon grand-père, originaire de Saint Pol de Léon (29 nord Finistère), avait également été conduit par son travail à Casablanca et logeait chez nous, après le départ d'Alain Bombard.

    Un jour de 1953, ces deux jeunes célibataires se retrouvent à diner à la même table au mess de la marine, se plaisent immédiatement et,
comme on disait à l'époque, commencent à se fréquenter ... Dès qu'ils sont prévenus, les parents de Saint Pol de Léon s'affolent, et toutes affaires cessantes, prennent le premier avion pour Casablanca. Aussitôt arrivés, il font la connaissance d'Alfred Robin qui profite de son retour sur Marseille à bord du Djenné pour les emmener en croisière. Il débarqueront à Tanger et reviendront, ravis, à Casablanca à bord du Koutoubia. Le mariage sera célébré à Marseille un an plus tard.

    A partir de ce moment, à chaque fois que le Djenné faisait escale à Casablanca, Alfred Robin passait nous rendre visite. Quand il remontait d'Afrique noire, il nous ramenait des petits oiseaux, qu'on appelait des oiseaux des iles. Il faut avouer qu'à l'époque, cette pratique était somme toute courante et que la convention de Washington n'était même pas conçue.  Nous avions une grande volière sur le balcon où tout ce petit monde piaillait et chantait. Et puis un jour,
du haut de mes 4 ans, j'ai mûrement réfléchi, et j'ai rendu la liberté à ces malheureux prisonniers. Ouvrez la cage aux oiseaux chante Pierre Perret depuis 1971, mais moi, j'avais 20 ans d'avance sur lui ...

A propos du Djenné
 
    Depuis la première publication de cet article sur Internet en 2007, j'ai reçu plusieurs courriers à ce propos. Pas loin d'une dizaine à ce jour. Je ne suis pas sûr d'avoir répondu à tous. Il y a des périodes où je ne suis pas très disponible. Il y a des courriers auxquels je ne sais pas quoi répondre. Je prie les personnes auxquelles je n'aurai pas répondu de bien vouloir m'excuser. Dans cette section, je publie anonymement les différents messages que j'ai reçu.

    Parmi ces courriers, il y a des demandes de renseignements, des recherches, des interrogations auxquelles je suis incapable de répondre. Je les place ci-dessous. Ceux sont autant des bouteilles à la mer, et il se trouve peut-être parmi vous, lectrices et lecteurs, des personnes qui ont la réponse, ou au moins des indications.  Envoyez-moi un message, (administrateur du site, dans le bandeau en haut à droite), et je le retransmettrai à la personne qui m'avait écrit.

    Dans ces courriers, qui présentent un caractère personnel, je masque l'adresse email et je remplace les noms de leurs auteurs par des initiales. Je laisse les noms des personnes dans le cas de recherches spécifiques. Si certaines personnes ne veulent plus voir figurer leur message, elles n'ont qu'à envoyer un message dans ce sens.

Message 1 du 20 Mai 2008

Le DJENNE a servi de transport de troupes. J'ai embarqué pour l'Algérie à Marseille le 5 novembre 1958 à destination d'Oran. Une mer d'huile.

Cordialement

BC

Message 2 du 2 Juin 2008

Bonjour Monsieur,

j ai créé un site de maquettes de navires de la marine marchande Française, dont le paquebot Maroc de la C.G.T. voici le lien:
http://www.maquettes-marmar.net/fichemaq/maroc/maroc.html
pourrais-je utiliser les 2 photos de détails du Maroc, pour compléter la documentation.

En attente de vous lire,
cordialement

F

Message 3 du 1er Juin 2009

Cher Monsieur,

Remontant le temps....je suis allé sur votre site afin de revisiter ce DJENNE, paquebot de mon enfance qui m'amena jadis à Casablanca en 1936 (j'avais 4 ans) Que tout ceci est loin ! Merçi pour ce document.

Entre autre,j'ai moi-même voyagé par ce Maroc-Express que vous citez en 1948,voyage pitoresque par excellence.Je me souviens de l'écartement des voies,par contre,je ne me souviens pas si ,pour l'occasion,nous changions de train à Hendaye ou Béhobie.

Pour ce qui est de la traversée de l' Espagne en voiture,je peux vous préciser,que la traversée fut possible dés 1950,pour l'avoir éffectué d'ailleurs dans des conditions diffiçiles en raison de l'état des routes,sans compter les inombrables controles de passeport et de tryptique poour le véhicule,c'était l'aventure mais c'était exaltant....

Les anciens marocains que nous sommes ne peuvent que regretter cette époque révolue..Trés coedialement.

JC

Message 4 du 14 Juin 2009

Bonjour Monsieur.

je voudrais vous remercier pour la bouffée d'émotion que j'ai ressentie en consultant les pages internet que vous avez consacrées aux navires de la Compagnie Paquet...j'ai voyagé à plusieurs reprises entre Casa et Marseille vers 1960-65 avec mes parents sur le Djénné, et nous sommes revenus en France en 1965 sur l'Ancerville.
J'en garde un excellent souvenir d'enfant de 5-10 ans (il est probable que je trouverais aujourd'hui ces bâtiments un peu vieillots ou étriqués, mais les souvenirs d'enfant enjolivent ces traversées).
Bravo pour votre site.

Très cordialement à vous.

JFR

Message 5 du 13 Décembre 2009

 Bonjour,

Votre site est très riche, j'y ai retrouvé le paquebot, et son histoire, qui nous a  "évacué" d'Oran le 10 juillet 1962, après que nous ayons échappé aux massacres perpétrés par les arabes, à Oran le 5 juillet 1962. Le paquebot le Phocée.
J'aimerais retrouver des passagers qui on effectué la traversée Oran-Marseille ce même 10 juillet 1962.
  Merci pour ce magnifique travail.

Cordialement.

CF

Message 6 du 5 Février 2010

Bonjour,

Tout d'abord merci pour les infos mises à disposition concernant la compagnie PAQUET.

J'avais 5 ans et j'étais à bord du Lyautey en août 1958 lorsqu'il y a eu cet incendie.
Dans le cadre d'une biographie familiale, je cherche des infos sur cet épisode.
Il semblerait que cela se soit produit lors d'une traversée dans le sens
Marseille-Tanger le 4 août 1958 et que le bateau ait dû revenir à Marseille...

Toutes précisions dans ce sens seraient bienvenues.

Merci d'avance.

Amicalement.

HD

Message 7 du 6 Septembre 2010
 
 Cher Monsieur,

Je vous ai écrit le 12 juin 2010 l'Email suivant : J'ai voyagé sur ce bateau, entre Dakar et Marseille en septembre 1956. Je cherche la date précise de ce voyage. Si vous la connaissez, soyez aimable de me la communiquer. Mille fois merci, message suivi de mes coordonnées que je vous rappelle ci-après:

RG

Ce message étant resté sans réponse, je le réitère donc aujourd'hui, en espérant qu'il vous parviendra et que vous aurez l'extrême gentillesse d'y répondre. Cette insistance à vouloir obtenir ce renseignement tient au fait que j'ai effectué ce voyage en tant que passager clandestin (peu banal à l'époque), et encore mineur à cette date. Mes trois fils, au courant de cet événement (Thierry, Didier et Alain), me relance régulièrement pour connaître la date précise de "l'exploit" de leur Père (75 ans le 25 décembre prochain). Merci infiniment Cher Monsieur.

RG

Message 8 du 22 Février 2011
 
Bonjour,

Voici mon problème.
Mon frère a travaillé sur les Paquebots en tant que cuisinier de 1975 à 1979 sur le MASSALIA- MERMOZ et le RENAISSANCE. Approchant de la retraite, il ne sait où s'adresser pour connaître à quel organisme a été versé les cotisations pour sa retraite.
Sauriez-vous m'indiquer ou je pourrais m'adresser pour avoir un relevé de compte ou éventuellement quel organisme serait compétent ou pourrait me donner ce renseignement.

J'ai lu vos documents concernant la Cie PAQUET et ai pu constater que vous étiez vraiment intéressé et très au courant de l'histoire. Peut-être avez-vous travaillé sur un paquebot ou une personne de votre connaissance.

Je vous prie de bien vouloir m'excuser de vous interpeller et vous remercie de votre réponse.

Mes sincères salutations

MV

Message 9 du 14 Février 2011
 
Bonjour,

En surfant sur Internet j’ai pu apprécier votre site consacre a la Paquet, J’ai navigue dans cette compagnie de 1960 a 1964 (La Royale). C’est avec bonheur que j’ai pu embarquer comme novice Pont, puis ADSG : Azemmour, Azrou, Lyautey (Commandant Manuel entre autre), puis le Césarée avec le Commandant Thepault. J’ai quitte la Marchande avant qu’elle ne sombre, je ne savais pas a ce moment la que je serais le témoin des dernières heures de la Marine Marchande. Toujours en surfant j’ai appris que l’Ancerville (ex) se trouvait comme hôtel a Shekou et je ne manquerai pas d’aller le visiter car je connais cette ville et je visite la Chine plusieurs fois par an. Bien que je ne sois plus navigateur j’ai toujours garde l’esprit du voyage.

Encore merci pour votre utile travail de recherche et pour votre partage.

Meilleures salutations.

MV

PS : Je me trouvais a bord du Césarée lorsque la photo a été prise lors d’un voyage a Venise ( j’en possède une)

Message 10 du 16 Octobre 2011
 
bonjour

mes parents ont sejournezau maroc de 55 a 56  ,j etais avec eux (j avais 6 ans)au retour nous avons pris le paquebot le djenee 'j avais conserve le menu 'mais malheuresement au fil des demenagements ,je ne possedes plus certaines informations ,mes parents sont decedes depais longtemps ,mon pere etais ne en 1922 et ma mere en 1924 ,mon pere travaillais comme mecaniciien au sol a la compagnie cherifienne de transports(il me semble)et nous etions a l epoque sur un terrain d aviation assez isole ,je crois que c etais dans la region de larache ,comment je peux obtenir la localisation exacte ,je vous adresses 2 photos avec mes parents qui sont a droite sur une photo et a cote un couple qui s appelles garcia et que je recherches ,merci

  

Message 11 du 24 Février 2011
 
Bonjour Monsieur.
Depuis peu relié à internet,je viens de trouver avec plaisir vos renseignements,concernant le DJENNE.
A 19 ans, attiré par l'Afrique,je devançais l'appel pour faire mon service militaire en AOF.
Première visite de Marseille et découverte du DJENNE ,sur lequel nous allions naviguer 6 jours 1/2 jusqu'à DAKAR.
Ce fut pour moi un voyage inoubliable,une traversée mouvementée du golfe du LION où, même les marins étaient malades.
Je n'ai du DJENNE qu'une photo prise avec mon petit Kodak.
Je vous serais reconnaissant ,si vous pouviez me dire comment je pourrais me procurer des photos ou des documents concernant ce paquebot.
que je n'ai pas oublié.
C'était en décembre 1953.
Avec mes sincères remerciements.

AV

Bonsoir
Peut-être que mon long récit ne vous intéressera pas ,il vous permettra de savoir pourquoi le Djenné reste,après tant d'années,un magnifique souvenir, malgré,malgré...
Je quitte mon village (300 habitants) après avoir devancé l'appel,pour me libérer plus vite de mes
obligations militaires et aussi,pour voir du pays . L'Afrique me tente, j'aime les rythmes africains, j'écoute souvent radio  Alger ,ne sachant pas que je serai rappelé en Algérie,
pour participer à ce grand fiasco de notre histoire,mais là n'est pas le sujet.

Je rejoins le 1er RIC à Dreux le 23/10/1953..
Destination Marseille,le 30/12/1953.  Découverte du port et  d'un beau paquebot: le DJENNE.
Impressionné par sa grandeur,moi qui sort de mon bled,je ne puis le prendre tout entier en photo, vu le peu de recul dont je dispose.
Sacs marins sur le dos ,les jeunes soldats gravissent la passerelle.
Ils sont dirigés vers la cale où ils passeront les 6 jours1/2 ,les séparant de  DAKAR.
,Des familles modestes,n'ayant pu s'offrir des cabines,sont déjà installées à l'avant, elles dormiront, comme les soldats, sur des lits métalliques superposés.
A babord,des Sénégalais,rentrent chez eux, après un séjour passé en Indochine. Nous nous installons à tribord.
Dès le départ, le Djenné bouge un peu trop à mon goût,mais ne connaissant pas la navigation,je pense que c'est normal.
Dans le golfe du Lion,des vagues de plus en  plus hautes,secouent fortement le navire.
Les plus audacieux les auraient vu passer d'un bord à l'autre.Le pont inférieur,qui nous est réservé,est vite neutralisé par les marins, à l'aide de cordages qui barrent les accès.
La totalité des occupants de la cale est  vite redescendue et reste immobile  sur ses couchettes. L'odeur devient vite irrespirable,Les déjeuners sont passés par dessus bord!! A cela se mêlent les odeurs de graisse et d'huile
émanant des moteurs dont nous ne sommes pas loin.
Le Djenné craque,roule ,les hélices s'emballent lorsque le navire plonge dans les vagues. Malade,je trouve la nuit longue.
Le lendemain ,le calme est revenu, nous longeons la côte africaine.
Nous avons traversé une tempête,comme il y en a quelquefois dans le golfe du Lion,d'après les marins dont la plupart ont été malades.
Le bruit court qu'un bananier aurait coulé cette nuit là.
Très pâlot,je monte sur le pont inférieur où un spectacle superbe se déroule devant le Djenné.
De magnifiques poissons font la course avec lui..Sur les côtés de l' étrave ,ils plongent et devancent sans cesse le navire.En fait ce sont des marsouins ,
nos cousins, car les gars de la  coloniale sont  appelés marsouins.Le spectacle est  inoubliable.
Le djenné fait escale à Tanger,puis à LasPalmas où il mouille une nuit.
La nourriture à bord est bonne, d'après mes copains,Je n'ai subsisté, pendant cette traversée, qu'avec quelques verres d'eau,tant le mal de mer me coupe les jambes.
Lors  d'une rare sortie, sur le pont,j'assiste à une manifestation des Africains se plaignant de la nourriture qui leur est offerte. Ils tapent violemment sur leurs gamelles en criant.
En fait, ils réclament leur nourriture traditionnelle,du poisson et du riz. Satisfaction leur est donnée rapidement et le calme revient.
Le reste du voyage se passe sans autres incidents.Le Djenné glisse majestueusement.
Les conditions de ce voyage m'ont tellement perturbé que je ferai tout pour être sergent et bénéficier ainsi pour le voyage Dakar Marseille,d' une cabine, avec 3 copains .Terminée la cale.
Ce fut sur le SS Bretagne ,qu'avec la joie du retour et loin des bruits et  des odeurs nauséabondes je retrouvais la bonne Mère,14 mois après l'avoir quittée.
Bien cordialement.

AV

Sources
 
Les traversées Maroc-France
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cartement_des_rails
http://tangers.free.fr/articles.php?lng=fr&pg=4
http://maps.google.fr/maps?hl=fr&gs_nf=1&cp=4&gs_id=m&xhr=t&gs_upl=&bav=on.2,or.r_gc.r_pw.r_qf.,cf.osb&biw=1006&bih=999&q=gibraltar&um=1&ie=UTF-8&hq=&hnear=0xd0cbf762714be35:0x384e25263600870f,Gibraltar&gl=fr&ei=2hBHT8rqEKq50QW27MCbDg&sa=X&oi=geocode_result&ct=image&resnum=3&sqi=2&ved=0CFoQ8gEwAg

La Compagnie de Navigation Paquet

http://www.timetableimages.com/maritime/images/paquet.htm
http://www.crwflags.com/fotw/flags/fr~hfpaq.html
http://museum.agropolis.fr/pages/savoirs/colporteurs/complements1.htm
http://www.simplonpc.co.uk/Paquet.html
http://dafina.net/forums/read.php?52,82359,page=1
http://www.darnna.com/phorum/read.php?3,105411


Le Djenné
http://pagesperso-orange.fr/marius.autran%20/forum/chantier_navires_2001_2002.html#9
http://historic-marine-france.com/paquebot/compagnie-paquet.htm
http://www.timetableimages.com/maritime/images/paquet.htm
http://pagesperso-orange.fr/marius.autran%20/forum/chantier_navires_2001_2002.html#9
http://www.algerianie.com/bateaux.htm
http://www.mer-1939a1945.fr/index.php?NIUpage=8

Représentations :
http://cgi.ebay.fr/Cie-NAVIGATION-PAQUET-1950-4-C-P-Roger-CHAPELET-TONELLI_W0QQitemZ180150948094QQihZ008QQcategoryZ79221QQcmdZViewItem
http://cgi.ebay.fr/CPSM-PAQUEBOT-DJENNE-DESSIN-CHAPELET-CIE-PAQUET_W0QQitemZ200164712013QQihZ010QQcategoryZ79223QQcmdZViewItem
http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://www.hjcards.co.uk/pictures/djenne_cnp_001.jpg&imgrefurl=http://www.hjcards.co.uk/company.htm&h=230&w=313&sz=9&hl=fr&start=10&um=1&tbnid=Z9lMhnYFdsAqmM:&tbnh=86&tbnw=117&prev=/images%3Fq%3DDjenne%2BPaquet%26svnum%3D10%26um%3D1%26hl%3Dfr%26client%3Dfirefox-a%26channel%3Ds%26rls%3Dorg.mozilla:fr:official%26sa%3DN
http://www.marine-marchande.net/Jourlejour/AujourleJour-14.htm

 Souvenirs de traversées :
http://dafina.net/forums/read.php?52,82359,page=1
http://dafina.net/forums/read.php?52,82359,page=3
http://dafina.net/forums/read.php?52,82359,page=4
http://dafina.net/forums/read.php?52,82359,page=5

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