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Les Sources du hasard

par Jacques-Deric Rouault

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4 Mai 2012

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Jacques-Deric Rouault, 2012. Les sources du hasard. Rastell Toull page C136.

1  Genèse

    Il y a plus de 30 ans, en 1977, André Vessereau publiait dans la Revue de statistique appliquée un article intitulé Statistiques et franglais où étaient repris et analysés un certain nombre de termes et d'expressions en usage en statistique, vus sous l'angle de la traduction de l'anglais en français.
Cet article est toujours d'actualité, et il m'arrive assez souvent d'y renvoyer des collègues qui me parlent de randomisation (quand ce n'est pas de randomnisation), et où on découvre que l'anglais random vient du vieux français randon qui a donné randonnée, à l'origine une course au hasard ...

    Dans le cadre de cet essai sur le hasard, j'ai, par jeu, repris l'étymologie des différents vocables relatifs au hasard, et j'ai eu la surprise de découvrir que ces termes, relativement nombreux, avaient des origines très originales, quelque fois extrêmement éloignées du sens actuel, et pas toujours très logiques. J'ai largement débordé ce cadre, tout d'abord en intégrant des termes du vocabulaire des probabilités et de la statistique, puis de notions connexes ou antinomiques ; par exemple, la Destinée (synonyme de hasard dans les temps anciens), le déterminisme (dans la mesure où de nombreux aspects du hasard sont décrits négativement par rapport à la certitude). Dans la mesure du possible, je considère également les termes anglais analogues ou de même racine. Cette liste de termes peut constituer un vivier dans lequel on peut aller puiser des racines pour créer des néologismes.

    Maintenant, il reste à définir ce qu'est le hasard. Vaste question ! La notion de hasard a beaucoup évolué au cours des temps, depuis une dimension divine en étant synonyme de Destin (la déesse Fortuna, les Parques), jusqu'à sa dégradation au rôle mineur de variance résiduelle. Ne peut-on pas avancer que le but de la science est de faire reculer de plus en plus l'importance du hasard dans l'interprétation du monde qui nous entoure ? Eliminé par les lois de cause à effet, enrégimenté dans les lois de probabilité, le hasard fait de la résistance dans le principe d'incertitude de Heinsenberg et les lois du chaos.

2  Introduction

    On dispose en français de très nombreux termes pour désigner le hasard : par exemple aléa, fortune et infortune, chance, sort, risque recouvrent tous un concept commun, mais avec cependant des nuances.


    Dans ces mots, on peut distinguer trois principales sources pour les mots liés au hasard, que nous désignerons respectivement par le jeu de hasard (le jeu de dés est le jeu de hasard par excellence), la cause surnaturelle (divine) et invisible (occulte) et la mécanique du hasard, liées aux rencontres dans le temps et l'espace. Il est d'autres sources que nous essaierons également de dégager.

3  Les jeux de hasard : les dés

    Les principaux termes traduisant la notion de hasard (alea, hasard, chance) viennent du jeu de dés, jeu populaire depuis l'antiquité et totalement associé à la chance et au hasard.

    3.1 Le terme alea signifie en latin les dés, et qualifie ce qui est soumis à la chance, au hasard, dans une connotation totalement neutre. Ce terme a donné le français aléatoire (du latin aleatorius, relatif au jeu) et aléatoirement. La théorie des probabilités emploie les notions de nombre aléatoire, de variable aléatoire et de fonction aléatoire.

    3.2 Le terme chance vient du latin cadentia qui signifie chute, terme issu du verbe cadere qui signifie tomber, en particulier dans le cas du jet des dés. La cadence musicale est tirée du jet répété et rythmé des dés. Ce terme chance était au 17e siècle synonyme de probabilité (calculer les chances, la chance tourne, tenter sa chance, il y a des chances que ...), La théorie des chances est une ancienne dénomination du calcul des probabilités. Au petit bonheur la chance ... L'anglais chance se traduit par hasard, possibilité, occasion : by chance signifie par pur hasard. To chance upon signifie rencontrer, trouver par hasard. Le terme français chance est progressivement devenu positif, synonyme de hasard heureux : avoir de la chance, être chanceux, un chançard. Le contraire d'un hasard heureux est la malchance (voir le 9.1)

    3.3 Le mot hasard correspond à un ancien nom d'un jeu de dés, tiré selon Guillaume de Tyr de l'arabe El Azar, château de Syrie (Larousse 1925), sinon de l'arabe al sâr, les dés (Littré) ou de l'arabe az-zahr (Dauzat). Ce terme a transité par l'espagnol azar. En général, ce terme est neutre, comme dans les expressions jeux de hasard, au hasard, à tout hasard, par hasard. La doctrine des hasards est un ancien nom de la théorie des probabilités. Les mots dérivés présentent systématiquement une connotation de risque potentiel : hasardé, hasardement, hasarder, hasardeur, hasardeusement, hasardeux, ou de risque important : les hasards de la guerre. L'anglais hazard signifie hasard, chance, mais aussi risque, danger, péril, comme dans hazardous area. On ales mots dérivés hazardous, to hazard. En golf, le terme hasard désigne les obstacles naturels qui séparent les joueurs du trou.

    3.4 Les sorts sont une espèce de dés sur lesquels étaient gravés des caractères ou des mots. On emploie aujourd'hui le mot roms. Lancer ces dés permettait de prévoir ou de prédire l'avenir. Le verbe sortir a la même origine : c'est ce que les sorts expriment. Dans l'acceptation moderne du mot, sort devient synonyme de hasard : tirer au sort. Le mot sort vient du latin sors, sortis qui signifie tirage au sort, consultation des dieux, destin. Le mot sort a également généré les termes sorcier (du latin sorcerius, diseur de sort), sorcièce, sorcellerie, ensorceler, ensorceleur, ensorcellementjeter un sort, sortilège.

4  Les jeux de hasard : les cartes

    Le jeu de cartes, (du latin charta, papier, en anglais cards) aujourd'hui plus populaire que les dés, a amené quelques expressions liées au hasard :

    4.1 Battre, meler ou brasser les cartes se rapportent à une technique de remise au hasard de l'ordre des cartes du jeu, en pratique une randonnisation ou une casualisation.

    4.2 Brouiller les cartes (au sens figuré de compliquer une affaire) qualifie les générateurs pseudo-aléatoires basés sur un déterminisme complexe simulant le hasard.

    4.3 Jouer sa dernière carte introduit une notion de risque important, quand toutes les tentatives précédentes ont échoué et qu'il n'en reste plus qu'une à tenter. Synonyme : jouer son va-tout (en anglais to stake one's all, to risk one's all).

    4.4 Tirer les cartes, ou se faire tirer les cartes évoque une pratique expérimentale avec la constitution d'un échantillon. Cependant, la nature de l'interprétation diffère de celle de la science. La cartomancie est pratiquée par les cartomanciens et ceux qui tirent les cartes.

    4.5 Le jeu actuel de cartes date du moyen-age et aurait été inventé par les sarrasins et introduites à Viterbe en 1379 (Larousse 1925). Selon une autre interprétation, le jeu de cartes actuel dériverait du tarot divinatoire qui est apparu à Marseille vers 1400 et qui aurait été apporté par les gitans.

    4.6 Pour désigner une personne au hasard, on tire à la courte paille. Les jeux plus récents de hasard, que ce soit la loterie, les courses, le bandit manchot ou les jeux à gratter n'ont pas, à ma connaissance, apporté de vocabulaire particulier qui soit spécifique au hasard.

5  La cause surnaturelle
  
    Une deuxième source de hasard a pour origine la prédiction d'un avenir inconnu pour nous, mais déterminé par une cause invisible, qui pourra par exemple être divine. Vu sous cet aspect le hasard présente simultanément deux points de vue antinomiques : l'un totalement déterministe sous son aspect divin, l'autre totalement indéterministe quand il est vu par les hommes. Cette approche permet d'évacuer le malaise induit par l'inconnu sous la forme d'une certitude appréhendée par une autre entitée.

    5.1 Les Parques (en anglais the Parcae ou the Fates), étaient trois divinités de l'Enfer, maitresses de la vie des hommes dont elles filaient le destin sous la forme d'une trame : Clotho qui présidait à la naissance tenait la quenouille ; Lachésis tournait le fuseau, et Atropos coupait le fil. Leur nom vient du latin Parca, lui-même issu du verbe parcere qui signifie épargner, par antiphrase parce qu'elles n'épargnaient personne. (Larousse, 1925). On les appelle aussi les filles du destin.

    5.2 La Fortune (en latin Fortuna), est une divinité allégorique personnifiant le hasard, l'imprévu, le caprice des choses (Larousse, 1925). On la représente les yeux bandés, versant de la main droite la corne d'abondance, tenant de la main gauche un fouet, et avançant sur une roue ailée. La divinité grecque Tyché est la déesse du hasard. elle porte dans ses bras Ploutos (la richesse) et la corne d'abondance.
-  Les yeux bandés se retrouvent dans l'expression à l'aveuglette, puis faire une expérimentation en aveugle, en double aveugle.
-  La roue ailée se retrouve dans les expressions la roue de la fortune, la roue tourne.

    5.3 Le nom commun fortune vient du latin fortuna qui désignait la chance, dégradation abstraite de la divinité. Ce terme, en français comme en anglais a successivement pris deux sens successifs : Tout d'abord synonyme de chance : fortune, bonne fortune, mauvaise fortune, tenter fortune, la fortune des armes, faire contre mauvaise fortune bon coeur. Ce terme a ensuite représenté un sort heureux, de la réussite dans les aventures galantes : bonne fortune. Son contraire c'est l'infortune, qui frappe les infortunés, ceux qui ont un revers de fortune. Aujourd'hui, ce mot fortune est devenu synonyme de richesse. l'adjectif fortuné a ce sens. Il peut prendre également le sens de destinée : la fortune d'un livre. Au sens d'accident  : fortune de mer. En anglais, ce mot a les deux sens de chance et de richesse. Fortunate et fortunately ont une connotation positive. To tell fortunes : prédire la bonne aventure. Unfortunately se traduit par malheureusement, hélas.

    5.4 Le terme ancien fors, également dérivé de fortuna, désignait le hasard.

    5.5 Le destin, la destinée (du latin destinare, fixer par le destin) représentent comme l'anglais destiny l'enchainement nécessaire et inconnu des événements : l'aveugle destin. Le Destin en est une personnification mythologique. Mektoub est un terme arabe se traduisant par "c'est écrit" ou "c'était écrit" et marque la fatalité.

   5.6  Le latin fatalis, de fatum qui désigne le destin, et qui a donné l'anglais fate désigne le destin et le sort. En français, fatal, fatalisme, fataliste, fatalement, fatalité, fatidique, comme en anglais fatal, fatalism, fatalist, fatalistic, fatality, fatally, sont devenus tellement négatifs et déterministes que toute idée de hasard en est aujourd'hui exclue. The Fates désignent les Parques.

    5.7 Le sort (du latin sors, sortis proprement tirage au sort, et par extension "consulation des dieux") représente au départ la Destinée, force invisible à laquelle on attribue les différents événements de la vie. Dans l'idée originelle de sort, il y a souvent une cause invisible, avec une manifestation qui ressemble au hasard. Ce terme a dérivé vers l'occultisme (voir plus haut).

    5.8 Le mot heur, qui a donné bonheur et malheur, vient du latin augurium, signifiant présage, et signifie en général bonne fortune, chance heureuse. Les augures étaient à la fois les signes permettant de juger de l'avenir (oiseau de mauvais augure) et les prêtres qui interprétaient ces signes. Dans l'expression au petit bonheur la chance, on fait appel au hasard aveugle, dans le but d'obtenir facilement quelque chose de positif. Le terme heur a donné heureux, heureusement, bienheureux, bonheur, et malheur, malheureux, malheureusement.

6  Le hasard mécanique
 
Une troisième source de termes liés au hasard a une origine liée au toucher et au déplacement. Rappelons ici la chance qui vient de cadentia, la chute de dés.

    6.1 La contingence, du latin contingens, participe présent du verbe contigere toucher, a pris le sens de toucher au hasard. Ont dérivé les termes contingent, contingenter, contingentement. On a en anglais contingency, contingent.

    6.2 La coïncidence (du latin cadere tomber, puis du latin médiéval coincidere tomber ensemble) exprime le fait que différentes choses arrivent en même temps. Ce terme exprime un hasard temporel alors que le verbe dérivé coïncider peut également qualifier un ordonnancement spatial. On a l'adjectif coïncident. En anglais, coincidence.

    6.3 Le risque vient de l'ancien italien risco (qui s'écrit aujourd'hui aujourd'hui rischio, Dauzat) ou de l'espagnol risco (Littré) qui est un écueil, du bas latin risicare qui signifie doubler un promontoire, du grec rhiza racine (qui a donné rhyzome) et par extension écueil. Ce terme correspond exactement au risk anglais. On a les termes dérivés risquer, risque-tout.

    6.4 Le francisque rant qui signifie course (en allemand rennen pour courir) a donné au XIIe siècle le verbe randir (courir avec impétuosité), puis le verbe randonner (courir rapidement) et le substantif randon. La randonnée, à l'origine course impétueuse, est devenue aujourd'hui une marche longue et ininterrompue. En traversant la Manche, ce mot est devenu random (au hasard, à l'aveuglette) qui a donné to randomize (réarranger au hasard) et randomization (l'action correspondante). Ces termes, repassant la Manche sont devenus les affreux néologismes randomiser et randomisation. En 1977, André Vessereau a proposé de revenir à la source française avec randoniser et randonisation. Pour ma part, je préfèrerais écrire randonniser et randonnisation, en doublant le n comme dans randonnée.

    6.5 La racine latine casus qui signifie accident, est issue du verbe cadere tomber, et a dérivé en casualis, puis a donné les mots français casuel, casuellement, casualité et anglais casual et casually. Le casualisme est une doctrine qui attribue au hasard la succession des événements. Lison (1959) emploie avec bonheur le vocable casualisation à la place de randomisation. Les termes cas et en-cas sont dérivées de casus.

    6.6 Aventure, du latin adventurus, dérivé de advinere ce qui doit arriver, présente un caractère d'incertitude comme dans partir à l'aventure, ou de risque important : aventurer, aventureux, aventureusement, aventurier, aventurisme, aventuriste. La bonne aventure est une prédiction de l'avenir. Si l'anglais advent signifie avènement, l'adjectif adventitious se traduit par fortuit, accidentel. Les termes adventure, adventurer, adventurous ont le même sens qu'en français. L'aventurine est une limaille jetée à l'aventure sur du verre en fusion. Une mésaventure a une conotation négative.

    6.7 Une occasion (du latin occasio, dérivé de occidere tomber) désigne une circonstance qui peut être favorable, une opportunité. On retrouve ce sens dans l'expression tomber à pic. Mais occasionnel a le sens d'accidentel. On a en anglais occasion, occasional, occasionally de même sens.

    6.8 Le mot accident vient du latin accedere survenir, et accidens qui arrive. Ce terme désigne un événement fortuit, d'où l'adjectif accidentel. Le sens lié à des dommages matériels date du XVIIIe siècle. On retrouve en anglais accident et accidental, qui ont exactement le même sens.

7  Le futur inconnu
   
    Sous cette quatrième rubrique, nous regroupons tout ce qui est lié à l'inconnu et au futur, ainsi que quelques termes sans origine précise. L'imprévu, le futur inconnu sont des sources de hasard. Il convient de remarquer que la quasi-totalité de ces termes sont définis de façon négative.

    7.1 Le terme  inopiné vient du latin inopinatus non pensé, imprévu. Inopinément dérive de la même racine.

    7.2 Le terme  inattendu, antinomique de attendu, du latin tendere tendre vers, interprété au figuré.

    7.3 Le verbe  improviser voulait dire au départ faire des vers ou un discours sans préparation, jouer de la musique sans partition. Aujourd'hui, ce verbe désigne une action effectuée sans préparation, avec une part de hasard dans sa réalisation. Improvisation et improvisateur en dérivent directement. Ce terme vient de l'italien improvvisare, de improvviso, imprévu, issu du latin imprivissus. à l'improviste (de l'italien improvvisto), désigne un hasard de rencontre, lorsqu'on s'y attend le moins. A remplacé l'ancien français à l'impourvu. En anglais, on a to improvise, improviser, improvisation.

   7.4  Le mot latin fortuitus, du mot fors qui signifie hasard a donné fortuit, fortuité et fortuitement, et en anglais fortuitous et fortuitously.

    7.5 Les termes latins evinere arriver et eventus événement ont donné le mot événement, qui représente ce qui arrive ou peut arriver. A tout événement est synonyme de à tout hasard. L'adjectif éventuel, qualifie ce qui dépend d'un événement incertain. Le terme anglais event est identique à l'ancien français, synonyme d'événement.

8  Le bon hasard
  
    Chaque langue possède une grande gamme d'expression pour qualifier les bons et les mauvais hasards. Parmi les bons hasards :

    8.1 Le terme chance, de connotation neutre il y a 3 siècles, est devenu positif dans son sens actuel, comme dans avoir de la chance et les qualificatifs chanceux ou chançard.

    8.2 Le terme anglais luck est celui dont les différents sens correspondent le mieux au français chance. expressions dérivées : to luck out, luckily, lucky. En allemand, le terme de même racine germanque est gluck.

    8.3 Une aubaine désigne un avantage inattendu. Ce terme vient du droit d'aubaine, selon lequel un souverain reçoit en héritage les biens d'un étranger non naturalisé décédé dans ses états.

    8.4 Un raccroc désigne au billard un coup inattendu et heureux.

    8.5 Veine, du latin vena vaisseau sanguin, qui signifie au figuré inspiration, est depuis le XIVe siècle synonyme de chance. Avoir de la veine, veinard.

    8.6 Expressions populaires signifiant avoir de la chance : avoir du bol, être né coiffé, être né sous une bonne étoile, avoir du pot, avoir de la veine, veinard, être verni, être né le cul bordé de nouilles.

    8.7 Pour les arabes, la Baraka est une grace divine attribuée aux individus qui ont une chance insolente.

9  Le mauvais hasard
      
    Parmi les mauvais hasards, on trouve surtout des formes négatives du bon hasard :

    9.1 La malchance est la contrepartie négative de chance. malchanceux.

    9.2 Le terme anglais Luckless se traduit par malchance (privé de chance).

    9.3 L'antinomique infortune, et sa forme adjective infortuné, qui signifie adversité, malheur a une connotation entièrement négative, tout comme son équivalent anglais misfortune.

    9.4 La déveine est l'antinomique de la veine.

    9.5 La guigne ou guignon est une mauvaise chance persistante au jeu. ce mot vient du verbe guigner qui signifie faire de l'oeil, regarder de travers, regarder d'une manière défavorable, d'où le mauvais oeil (voir le point suivant). Guigner vient du franscique winkan ou winkjan, qui a aussi donné en allemand winken faire signe. En argot, on parle d'avoir la cerise.

    9.6 Mauvais oeil : faculté attribuée à certains individus (en particulier ceux qui louchent) de porter malheur à ceux qu'ils regardent.

    9.7 L'expression populaire avoir la poisse, parce que la malchance colle à la peau et qu'il est très difficile de s'en défaire : voir la chanson La poisse de Léo ferré chantée en particulier par Catherine Sauvage.

    9.8 La scoumoune est la forme d'Afrique du nord du mauvais oeil. (chanson d'Enrico Macias ? la scoumoune pourrait revenir).

10  La statistique du hasard
   
    10.1 L'objet de la statistique n'est-il pas de mettre en évidence les (trop) bons et mauvais hasards ? Le terme lui-même, comme son équivalent anglais statistics, a été crée par Trévoux en 1771, à partir de l'allemand statistik, lui-même créé par Schmeitzel en 1749. La racine est issue du latin médiéval collegium statisticum, issu du latin status, état.


    10.2 Le test statistique, vocable pratiqué quotidiennement par la quasi-tolalité des scientifiques, a une origine insoupçonnée et assez extraordinaire. Le mot lui-même a été créé par le psychologue français Henri Binet, le père du Quotient Intellectuel ou QI, en 1895. Il a repris le mot anglais identique qui avait pour sens examen, épreuve, lui-même issu de l'ancien français test, qui désignait le pot de terre servant à faire l'essai d'or en alchimie (Dauzat). Plus précisément, le rituel alchimique prévoyait de valider les différentes étapes du processus par une épreuve technique qui utilisait ce pot de terre. Selon un schéma classique, le nom a dérivé de l'instrument à l'acte lui-même, d'où l'expression procéder à un test. Test vient du latin testum, vase de terre qui a recouvert les sens de fragment de poterie (tesson), coquille (test de l'oursin), crâne puis, par métaphore plaisante a donné tête. Combien de nos contemporains ont aujourd'hui conscience que, quand ils procèdent à un test statistique, ils renouent avec une pratique alchimique des siècles passés ?

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Epistemologie du hasard
 
Les natures du hasard

    En épistémologie, on oppose classiquement le déterminisme au hasard. Dans le contexte d'un événement déterministe, la connaissance des causes, ou de l'état du système à un moment donné permet de prédire sans incertitude les conséquences et l'état du système à un moment ultérieur. Le hasard correspond à une définition négative par rapport au déterminisme.

1)  Le hasard peut être structurel. C'est le cas des mécanismes de panne se produisant au hasard dans le temps. C'est le cas des coïncidences temporelles ou spatiales.

2)  Il peut se produire que des mécanismes déterministes très complexes soient difficiles à analyser, et produisent des effets interprétables comme uniquement dus au seul hasard. C'est par exemple le cas du chaos.

3)  Le principe d'incertitude de Heisenberg limite la connaissance de l'état du système, et engendre donc une part de hasard dans le déterminisme.

4)  Dans l'analyse d'un système complexe, on va retrancher successivement les différentes fonctions déterministes, des plus conséquentes aux plus incidentes, selon des techniques d'épluchage. Le résidu à un moment donné du processus est considéré comme le seul résultat du hasard.


Les lois du hasard

Emile BOREL parle de la loi unique du hasard, qui consiste essenciellement en ce que les phénomènes très peu probables (dont la probabilité est suffisamment faible) sont ne se produisent jamais ". " Cette loi est extrèmement simple et d'une évidence intuitive, bien qu'elle soit rationnellement indémontrable. ". A l'appui, BOREL décrit le miracle des singes dactylographes.

Cette loi résulte en fait du théorème de la loi des grands nombres, qui démontre que les proportions observées convergent vers les probabilités théoriques quand on augmente (indéfiniment) le nombre d'observations.

En pratique, le hasard suit des lois :
- dans le temps : lois discrète de Poisson, loi continue exponentielle (désintégrations atomiques).
- dans l'espace : lois discrètes binomiale et multinomiales et loi continue de Gauss (tirage sans remise), lois discrètes hypergéométriques (tirages avec remise).

Le hasard suit aussi des règles logiques :
1) La combinaison d'un hasard avec un autre hasard indépendant donne du hasard.
2) La combinaison du hasard avec du déterminisme donne du hasard.
3) La combinaison de deux hasards imparfaits donne un hasard de meilleure qualité.
4) La combinaison d'un nombre suffisamment grand (infini ?) de mécanismes déterministes indépendants donne du hasard.

En bref le hasard présente par rapport au déterminisme un caractère absorbant.

A rechercher : Borel, le hasard.



Usage du hasard

En sciences, on a besoin de hasard dans une circonstances très précise, comme généralisation de la combinatoire. En effet, dans un cadre restreint il est possible d'envisager tous les cas de figure, en utilisant la combinatoire correspondante.

Si on étend ce cadre, le nombre de possibilités explose et il n'est plus possible d'examiner tous les cas. On va alors faire appel au hasard

Nécessité et utilité des générateurs pseudo-aléatoires.
présentation expérimentale. : carré latin à l'aléatoire.
bootstrap. : de la combinatoire au bootstap.
Simulation du hasard pour valider une statistique.

aléatoire et déterminisme pseudo-aléatoire. Casualisation d'une série pseudo-aléatoire.
Générateurs pseudo-aléatoires

Sources
  
Atkins BT, Duval A, Milne R, Lewis HMA, Sinclair LA, Birks RO, 1978-1987. Dictionnaire français-anglais Le Robert & Collins. Dictionnaires Le Robert., Paris. 929 pp. 2e édition.

Bouvier A, George M, 1979-1983. Dictionnaire des mathématiques. Sous la direction de F. Le Lionnais. Presses universitaires de France, Paris. 833 pp.


Dubois J, Mitterand H, Dauzat A, 1964-2002. Dictionnaire d'éthymologie. Librairie Larousse, Paris, 822 pp.

Genouvrier E, Desirat C,. Horde T, 1977. Nouveau dictionnaire des synonymes. Librairie Larousse, Paris, 510 pp.


Larousse 1925.

Lison (livre de stat)

Littré

Marquet C, 1936. Dictionnaire analogique. Librairie Larousse, Paris, 591 pp.

Niobey G, Galiana T. Jouannon G, Lagane R, 1980. Nouveau dictionnaire analogique. Librairie Larousse, Paris. 855 pp.


Vesserau A, 1977. Statistiques et franglais. Revue de statistique appliquée, X, YY.


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