Comment citer ce document ?
Jacques-Deric
Rouault, 2012. Les sources du hasard. Rastell Toull page C136.
Il y a plus de 30 ans, en
1977, André
Vessereau publiait dans la Revue
de statistique appliquée un article intitulé Statistiques et franglais
où étaient repris et analysés un certain nombre de
termes et d'expressions en usage en statistique, vus sous l'angle de la
traduction de l'anglais en français.
Cet article est toujours d'actualité, et il m'arrive assez
souvent d'y renvoyer des collègues qui me parlent de randomisation (quand ce n'est pas
de randomnisation), et où on découvre que l'anglais random vient du vieux
français randon qui a
donné randonnée,
à l'origine une course au hasard ...
Dans le cadre de cet essai sur le hasard, j'ai, par jeu, repris
l'étymologie des différents vocables relatifs au hasard,
et j'ai eu la surprise de découvrir que ces termes, relativement
nombreux, avaient des origines très originales, quelque fois
extrêmement éloignées du sens actuel, et pas
toujours très logiques. J'ai largement débordé ce
cadre, tout d'abord en intégrant des termes du vocabulaire des
probabilités et de la statistique, puis de notions connexes ou
antinomiques ; par exemple, la Destinée
(synonyme de hasard dans les temps anciens), le déterminisme (dans la mesure
où de nombreux
aspects du hasard sont décrits négativement par rapport
à la certitude). Dans la mesure du possible, je considère également les
termes anglais analogues ou de même racine. Cette liste de termes peut constituer un vivier dans lequel on peut
aller puiser des racines pour créer des néologismes.
Maintenant, il reste à définir ce qu'est le
hasard. Vaste question ! La notion de hasard a beaucoup évolué au cours
des temps, depuis une dimension divine en étant synonyme de Destin (la
déesse Fortuna, les Parques), jusqu'à sa dégradation au rôle mineur de
variance résiduelle. Ne peut-on pas avancer que le but de la science
est de faire reculer de plus en plus l'importance du hasard dans
l'interprétation du monde qui nous entoure ? Eliminé par les lois de
cause à effet, enrégimenté dans les lois de probabilité, le hasard fait
de la résistance dans le principe d'incertitude de Heinsenberg et les
lois du chaos.
On dispose en français de
très nombreux termes pour
désigner le hasard : par exemple aléa, fortune et
infortune, chance, sort, risque recouvrent tous un concept
commun, mais
avec cependant des nuances.
Dans ces mots, on peut distinguer trois principales sources pour les
mots liés au hasard, que nous désignerons respectivement
par le jeu de hasard (le jeu
de dés est le jeu de hasard par
excellence), la cause surnaturelle
(divine) et invisible
(occulte) et
la mécanique du hasard,
liées aux rencontres dans le temps
et l'espace. Il est d'autres sources que nous essaierons
également de dégager.
3 Les jeux de hasard : les dés
|
Les principaux termes traduisant la notion de hasard (alea,
hasard, chance) viennent du jeu de
dés, jeu populaire depuis l'antiquité et totalement
associé à la chance et au hasard.
3.1 Le terme alea signifie en latin les
dés, et qualifie ce
qui est soumis à la chance, au hasard, dans une connotation
totalement neutre. Ce terme a donné le français
aléatoire (du latin aleatorius, relatif au jeu) et
aléatoirement. La
théorie des probabilités emploie
les notions de nombre
aléatoire, de variable aléatoire et de fonction aléatoire.
3.2 Le terme chance vient du latin cadentia qui
signifie chute, terme issu du verbe cadere qui signifie tomber, en particulier dans le cas du jet des
dés. La cadence
musicale est tirée du jet répété et
rythmé des dés. Ce terme chance était au 17e siècle synonyme de
probabilité (calculer les chances, la chance tourne, tenter sa
chance, il y a des chances que ...), La théorie des chances est
une ancienne dénomination du calcul des probabilités. Au petit bonheur la chance ... L'anglais chance se
traduit par hasard, possibilité,
occasion : by chance signifie
par pur hasard. To chance upon
signifie
rencontrer, trouver par hasard. Le
terme français chance est progressivement devenu positif, synonyme de hasard
heureux : avoir de la chance, être chanceux, un chançard. Le contraire
d'un hasard heureux est la malchance (voir le 9.1)
3.3 Le mot hasard
correspond à un ancien nom d'un jeu de
dés, tiré selon Guillaume de Tyr de l'arabe El Azar,
château de Syrie (Larousse 1925), sinon de l'arabe al sâr,
les dés (Littré) ou de l'arabe az-zahr (Dauzat). Ce terme a transité par l'espagnol azar. En général, ce terme est neutre, comme dans les
expressions jeux de hasard, au hasard, à tout hasard, par
hasard. La doctrine des
hasards est un ancien nom de la théorie
des probabilités. Les mots dérivés présentent
systématiquement une connotation de risque potentiel :
hasardé, hasardement, hasarder, hasardeur,
hasardeusement,
hasardeux, ou de risque important : les hasards de la guerre. L'anglais hazard signifie hasard, chance, mais aussi risque, danger,
péril, comme dans hazardous
area. On ales mots dérivés hazardous, to hazard. En golf, le terme hasard désigne les obstacles naturels qui
séparent les joueurs du trou.
3.4 Les sorts
sont une espèce de dés sur lesquels
étaient gravés des caractères ou des mots. On
emploie aujourd'hui le mot roms.
Lancer ces dés permettait de
prévoir ou de prédire l'avenir. Le verbe sortir a la
même origine : c'est ce que les sorts expriment. Dans
l'acceptation moderne du mot, sort
devient synonyme de hasard : tirer
au sort. Le mot sort vient du latin sors, sortis qui signifie tirage au
sort, consultation des dieux, destin. Le mot sort a également généré
les termes sorcier (du latin sorcerius, diseur de sort), sorcièce,
sorcellerie, ensorceler, ensorceleur, ensorcellement, jeter un sort,
sortilège.
4 Les jeux de hasard : les cartes
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Le jeu de cartes, (du latin charta, papier, en anglais cards)
aujourd'hui plus populaire que les dés, a amené quelques
expressions liées au hasard :
4.1 Battre, meler ou brasser les cartes se rapportent à
une technique de remise au hasard de l'ordre des cartes du jeu, en pratique une randonnisation
ou une casualisation.
4.2 Brouiller les cartes (au sens
figuré de compliquer une affaire)
qualifie les générateurs pseudo-aléatoires
basés sur un déterminisme complexe simulant le hasard.
4.3 Jouer sa dernière carte
introduit une notion de risque
important, quand toutes les tentatives précédentes ont
échoué et qu'il n'en reste plus qu'une à tenter. Synonyme : jouer son va-tout (en anglais to stake one's all, to risk one's all).
4.4 Tirer les cartes, ou se faire tirer les cartes
évoque une
pratique expérimentale avec la constitution d'un
échantillon. Cependant, la nature de l'interprétation
diffère de celle de la science. La cartomancie est pratiquée par les cartomanciens et ceux qui tirent les cartes.
4.5 Le jeu actuel de cartes date du moyen-age et aurait été
inventé par les sarrasins et introduites à Viterbe en
1379 (Larousse 1925). Selon une autre interprétation, le jeu de
cartes actuel dériverait du tarot
divinatoire qui est apparu à Marseille vers 1400 et qui aurait
été apporté par les gitans.
4.6 Pour désigner une personne au hasard, on tire à la courte paille. Les jeux plus récents de hasard, que ce soit la loterie, les
courses, le bandit manchot ou les jeux à gratter n'ont pas,
à ma connaissance, apporté de vocabulaire
particulier qui soit spécifique au hasard.
Une deuxième source de
hasard a pour origine la
prédiction d'un avenir inconnu pour nous, mais
déterminé par une cause invisible, qui pourra par exemple
être divine. Vu sous cet aspect le hasard présente
simultanément deux points de vue antinomiques : l'un totalement
déterministe sous son aspect divin, l'autre totalement indéterministe quand il est vu par les hommes. Cette
approche permet d'évacuer le
malaise induit par l'inconnu sous la forme d'une certitude
appréhendée par une autre entitée.
5.1 Les Parques
(en anglais the Parcae ou the
Fates),
étaient trois divinités de l'Enfer, maitresses de la vie
des hommes dont elles filaient le destin sous la forme d'une trame :
Clotho qui présidait à la naissance tenait la quenouille
; Lachésis tournait le fuseau, et Atropos coupait le fil. Leur
nom vient du latin Parca, lui-même issu du
verbe parcere qui signifie
épargner, par antiphrase parce qu'elles n'épargnaient
personne. (Larousse, 1925). On les appelle aussi les filles du destin.
5.2 La Fortune
(en latin Fortuna), est une
divinité
allégorique personnifiant le hasard, l'imprévu, le
caprice des choses (Larousse, 1925). On la représente les yeux
bandés, versant de la main droite la corne d'abondance, tenant
de la main gauche un fouet, et avançant sur une roue
ailée. La divinité grecque Tyché est la
déesse du hasard. elle porte dans ses bras Ploutos (la richesse)
et la corne d'abondance.
- Les yeux bandés se retrouvent dans l'expression à
l'aveuglette, puis faire une expérimentation
en aveugle, en
double aveugle.
- La roue ailée se retrouve dans les expressions la roue
de la fortune, la roue tourne.
5.3 Le nom commun fortune vient du latin fortuna qui
désignait la chance, dégradation abstraite de la
divinité. Ce terme, en français comme en anglais a
successivement pris deux sens successifs : Tout d'abord synonyme de chance : fortune,
bonne fortune, mauvaise
fortune, tenter fortune, la fortune des armes, faire contre mauvaise fortune bon coeur. Ce terme a ensuite représenté un sort heureux, de la
réussite dans les aventures galantes : bonne fortune. Son contraire c'est l'infortune, qui frappe les infortunés, ceux qui ont un revers de fortune. Aujourd'hui, ce mot fortune est devenu synonyme de richesse. l'adjectif
fortuné a ce sens. Il peut prendre également le sens de destinée : la fortune d'un livre. Au sens d'accident : fortune de mer. En anglais, ce mot a les deux sens de chance et de richesse. Fortunate et
fortunately ont une connotation positive. To tell fortunes :
prédire la bonne aventure. Unfortunately se traduit par malheureusement, hélas.
5.4 Le terme ancien fors, également dérivé de fortuna, désignait le hasard.
5.5 Le destin,
la destinée (du latin destinare, fixer par
le destin) représentent comme l'anglais destiny l'enchainement
nécessaire et inconnu des événements : l'aveugle
destin. Le Destin en est une
personnification mythologique. Mektoub
est un terme arabe se traduisant par "c'est écrit" ou "c'était
écrit" et marque la fatalité.
5.6 Le latin fatalis, de fatum qui désigne le destin,
et
qui a donné l'anglais fate
désigne le destin et le sort.
En français, fatal,
fatalisme, fataliste, fatalement,
fatalité, fatidique, comme en anglais fatal, fatalism,
fatalist, fatalistic, fatality, fatally, sont devenus tellement
négatifs et déterministes que toute idée de hasard
en est aujourd'hui exclue. The Fates
désignent les Parques.
5.7 Le sort
(du latin sors, sortis proprement tirage au sort,
et
par extension "consulation des dieux") représente au
départ la Destinée,
force invisible à laquelle on
attribue les différents événements de la vie. Dans
l'idée originelle de sort, il y a souvent une cause invisible,
avec une manifestation qui ressemble au hasard. Ce terme a
dérivé vers l'occultisme (voir plus haut).
5.8 Le mot heur,
qui a donné bonheur et
malheur, vient du
latin augurium, signifiant présage, et signifie en
général bonne fortune, chance heureuse. Les augures
étaient à la fois les signes permettant de juger de
l'avenir (oiseau de mauvais augure)
et les prêtres qui
interprétaient ces signes. Dans l'expression au petit bonheur la
chance, on fait appel au hasard aveugle, dans le but d'obtenir
facilement quelque
chose de positif. Le terme heur a donné heureux, heureusement, bienheureux, bonheur, et malheur, malheureux, malheureusement.
Une troisième
source de termes liés au hasard a
une origine liée au toucher et au déplacement. Rappelons
ici la chance qui vient de cadentia, la chute de dés.
6.1 La contingence, du latin
contingens, participe
présent
du verbe contigere toucher, a pris le sens de toucher
au hasard. Ont
dérivé les termes contingent,
contingenter,
contingentement. On a en anglais contingency, contingent.
6.2 La coïncidence (du
latin cadere tomber, puis du
latin
médiéval coincidere
tomber ensemble) exprime le fait que
différentes choses arrivent en même temps. Ce terme
exprime un hasard temporel alors que le verbe dérivé coïncider peut
également qualifier un ordonnancement spatial. On a l'adjectif coïncident. En anglais, coincidence.
6.3 Le risque vient de
l'ancien italien risco (qui s'écrit aujourd'hui aujourd'hui rischio, Dauzat) ou de l'espagnol risco
(Littré) qui est un écueil, du
bas latin risicare qui signifie doubler un
promontoire, du grec rhiza
racine (qui a donné rhyzome) et par
extension écueil. Ce terme correspond exactement au risk anglais. On a les termes dérivés risquer, risque-tout.
6.4 Le
francisque rant qui
signifie course (en allemand rennen
pour courir) a donné au XIIe siècle le verbe randir
(courir avec impétuosité), puis le verbe randonner
(courir rapidement) et le substantif randon.
La randonnée,
à l'origine course impétueuse, est devenue aujourd'hui
une marche longue et ininterrompue. En traversant la Manche, ce mot est
devenu random (au hasard,
à l'aveuglette) qui a donné to
randomize (réarranger
au hasard) et randomization
(l'action
correspondante). Ces termes, repassant la Manche sont devenus les
affreux néologismes randomiser
et randomisation.
En 1977, André
Vessereau a proposé de revenir à la source
française avec randoniser
et randonisation. Pour ma
part, je
préfèrerais écrire randonniser et randonnisation,
en doublant le n comme dans randonnée.
6.5 La
racine latine casus
qui signifie accident, est issue du verbe cadere tomber, et a
dérivé en casualis,
puis a donné les mots
français casuel,
casuellement, casualité et anglais
casual et casually. Le casualisme est une doctrine qui
attribue au
hasard la succession des événements. Lison (1959) emploie
avec bonheur le vocable casualisation
à la place de
randomisation. Les termes cas et en-cas sont dérivées de casus.
6.6 Aventure, du latin
adventurus,
dérivé de
advinere ce qui doit arriver,
présente un caractère
d'incertitude comme dans partir
à l'aventure, ou de risque important :
aventurer, aventureux,
aventureusement, aventurier, aventurisme, aventuriste. La bonne aventure
est une prédiction de l'avenir. Si l'anglais advent signifie
avènement, l'adjectif adventitious
se traduit par fortuit,
accidentel. Les termes adventure,
adventurer, adventurous ont le
même sens qu'en français. L'aventurine est une limaille jetée à l'aventure sur du verre en fusion. Une mésaventure a une conotation négative.
6.7 Une
occasion (du latin
occasio, dérivé
de
occidere tomber)
désigne une circonstance qui peut être
favorable, une opportunité. On retrouve ce sens dans
l'expression
tomber à pic. Mais occasionnel a le sens d'accidentel.
On a en
anglais occasion, occasional,
occasionally de même sens.
6.8 Le
mot accident vient du
latin accedere survenir, et accidens
qui arrive. Ce terme désigne un événement fortuit,
d'où l'adjectif accidentel.
Le sens lié à des
dommages matériels date du XVIIIe siècle. On retrouve en
anglais accident et accidental, qui ont exactement le
même sens.
Sous cette quatrième
rubrique, nous regroupons tout ce qui est
lié à l'inconnu et au futur, ainsi que quelques termes
sans origine précise. L'imprévu, le futur inconnu sont
des sources de hasard. Il convient de remarquer que la
quasi-totalité de ces termes sont définis de façon
négative.
7.1 Le terme inopiné
vient du latin inopinatus non
pensé,
imprévu. Inopinément
dérive de la même
racine.
7.2 Le terme inattendu,
antinomique de attendu, du
latin tendere tendre
vers, interprété au figuré.
7.3 Le verbe improviser
voulait dire au départ faire des vers ou un
discours sans préparation, jouer de la musique sans partition.
Aujourd'hui, ce verbe désigne une action effectuée sans
préparation, avec une part de hasard dans sa réalisation.
Improvisation et improvisateur en dérivent
directement. Ce terme
vient de l'italien improvvisare,
de improvviso,
imprévu, issu du
latin imprivissus. à l'improviste (de l'italien improvvisto),
désigne un hasard de rencontre, lorsqu'on s'y attend le moins. A
remplacé l'ancien français à l'impourvu. En
anglais, on a to improvise,
improviser, improvisation.
7.4 Le mot latin fortuitus, du mot fors qui signifie hasard a
donné fortuit, fortuité
et fortuitement, et en
anglais
fortuitous et fortuitously.
7.5 Les termes latins evinere arriver et eventus
événement ont donné le mot
événement, qui
représente ce qui arrive ou peut
arriver. A tout
événement est synonyme de à tout
hasard. L'adjectif éventuel,
qualifie ce qui dépend d'un
événement incertain. Le terme anglais event est identique
à l'ancien français, synonyme d'événement.
Chaque langue possède une
grande gamme d'expression pour
qualifier les bons et les mauvais hasards. Parmi les bons hasards :
8.1 Le terme chance, de connotation neutre il y
a 3
siècles, est devenu positif dans son sens actuel, comme dans
avoir de la chance et les
qualificatifs chanceux ou chançard.
8.2 Le terme anglais luck est celui dont les
différents
sens correspondent le mieux au français chance. expressions
dérivées : to luck
out, luckily, lucky. En allemand, le terme de même racine germanque est gluck.
8.3 Une aubaine
désigne un avantage inattendu. Ce terme
vient du droit d'aubaine,
selon lequel un souverain reçoit en
héritage les biens d'un étranger non naturalisé
décédé dans ses états.
8.4 Un raccroc
désigne au billard un coup inattendu et
heureux.
8.5 Veine,
du latin vena vaisseau
sanguin, qui signifie au
figuré inspiration, est depuis le XIVe siècle synonyme de
chance. Avoir de la veine, veinard.
8.6 Expressions populaires signifiant avoir
de la chance : avoir
du bol, être né coiffé, être né sous
une bonne étoile, avoir du pot, avoir de la veine, veinard,
être verni, être né le cul bordé de nouilles.
8.7 Pour les arabes, la Baraka est une grace divine
attribuée aux
individus qui ont une chance insolente.
Parmi les mauvais hasards, on
trouve surtout des formes négatives du bon
hasard :
9.1 La malchance
est la contrepartie négative de chance. malchanceux.
9.2 Le terme anglais Luckless
se traduit par malchance (privé de chance).
9.3 L'antinomique infortune, et sa forme adjective infortuné, qui
signifie adversité, malheur a une connotation entièrement
négative, tout comme son équivalent anglais misfortune.
9.4 La déveine
est l'antinomique de la veine.
9.5 La guigne
ou guignon est une mauvaise
chance persistante au
jeu. ce mot vient du verbe guigner
qui signifie faire de l'oeil,
regarder de travers, regarder d'une manière défavorable,
d'où le mauvais oeil
(voir le point suivant). Guigner
vient du franscique winkan ou
winkjan, qui a aussi
donné en allemand winken
faire signe. En argot, on parle d'avoir
la cerise.
9.6 Mauvais
oeil : faculté attribuée à
certains individus (en particulier ceux qui louchent) de porter malheur
à ceux qu'ils regardent.
9.7 L'expression populaire avoir la poisse, parce que la
malchance colle à la peau et qu'il est très difficile de
s'en défaire : voir la chanson La
poisse de Léo ferré chantée en particulier par Catherine
Sauvage.
9.8 La scoumoune
est la forme d'Afrique du nord du mauvais oeil. (chanson d'Enrico Macias ? la scoumoune pourrait revenir).
10 La statistique du hasard
|
10.1 L'objet de la statistique
n'est-il pas de mettre en
évidence les (trop) bons et mauvais hasards ? Le terme
lui-même, comme son équivalent anglais statistics, a
été crée par Trévoux en 1771, à
partir de l'allemand statistik, lui-même créé par
Schmeitzel en 1749. La racine est issue du latin médiéval
collegium statisticum, issu du latin status, état.
10.2 Le test statistique, vocable pratiqué quotidiennement
par la quasi-tolalité des scientifiques, a une origine
insoupçonnée et assez extraordinaire. Le mot
lui-même a été créé par le
psychologue français Henri Binet, le père du Quotient
Intellectuel ou QI, en 1895. Il a repris le mot anglais identique qui
avait pour sens examen, épreuve, lui-même issu de l'ancien
français test, qui désignait le pot de terre servant
à faire l'essai d'or en alchimie (Dauzat). Plus
précisément, le rituel alchimique prévoyait de
valider les différentes étapes du processus par une
épreuve technique qui utilisait ce pot de terre. Selon un
schéma classique, le nom a dérivé de l'instrument
à l'acte lui-même, d'où l'expression
procéder à un test. Test vient du latin testum, vase de
terre qui a recouvert les sens de fragment de poterie (tesson),
coquille (test de l'oursin), crâne puis, par métaphore
plaisante a donné tête. Combien de nos contemporains ont
aujourd'hui conscience que, quand ils procèdent à un test
statistique, ils renouent avec une pratique alchimique des
siècles passés ?
Intervalle de confiance. Comment peut-on passer sa confiance dans un
intervalle ? Confidence interval
fiduciaire
En épistémologie, on
oppose classiquement le déterminisme au
hasard. Dans le contexte d'un événement
déterministe, la connaissance des causes, ou de l'état du
système à un moment donné permet de prédire
sans incertitude les conséquences et l'état du
système à un moment ultérieur. Le hasard
correspond à une définition négative par rapport
au déterminisme.
1) Le hasard peut être structurel. C'est le cas des
mécanismes de panne se produisant au hasard dans le temps. C'est
le cas des coïncidences temporelles ou spatiales.
2) Il peut se produire que des mécanismes
déterministes très complexes soient difficiles à
analyser, et produisent des effets interprétables comme
uniquement dus au seul hasard. C'est par exemple le cas du chaos.
3) Le principe d'incertitude de Heisenberg limite la connaissance
de l'état du système, et engendre donc une part de hasard
dans le déterminisme.
4) Dans l'analyse d'un système complexe, on va retrancher
successivement les différentes fonctions déterministes,
des plus conséquentes aux plus incidentes, selon des techniques
d'épluchage. Le résidu à un moment donné du
processus est considéré comme le seul résultat du
hasard.
Emile BOREL parle de la loi
unique du hasard, qui consiste
essenciellement en ce que les phénomènes très peu
probables (dont la probabilité est suffisamment faible) sont ne
se produisent jamais ". " Cette loi est extrèmement simple et
d'une évidence intuitive, bien qu'elle soit rationnellement
indémontrable. ". A l'appui, BOREL décrit le miracle des
singes dactylographes.
Cette loi résulte en fait
du théorème de la loi
des grands nombres, qui démontre que les proportions
observées convergent vers les probabilités
théoriques quand on augmente (indéfiniment) le nombre
d'observations.
En pratique, le hasard suit des
lois :
- dans le temps : lois
discrète de Poisson, loi continue
exponentielle (désintégrations atomiques).
- dans l'espace : lois
discrètes binomiale et multinomiales et
loi continue de Gauss (tirage sans remise), lois discrètes
hypergéométriques (tirages avec remise).
Le hasard suit aussi des
règles logiques :
1) La combinaison d'un hasard avec
un autre hasard indépendant
donne du hasard.
2) La combinaison du hasard avec
du déterminisme donne du
hasard.
3) La combinaison de deux hasards
imparfaits donne un hasard de
meilleure qualité.
4) La combinaison d'un nombre
suffisamment grand (infini ?) de
mécanismes déterministes indépendants donne du
hasard.
En bref le hasard présente
par rapport au déterminisme un
caractère absorbant.
A rechercher : Borel, le hasard.
En sciences, on a besoin de
hasard dans une circonstances très
précise, comme généralisation de la combinatoire.
En effet, dans un cadre restreint il est possible d'envisager tous les
cas de figure, en utilisant la combinatoire correspondante.
Si on
étend ce cadre, le nombre de possibilités explose et il
n'est plus possible d'examiner tous les cas. On va alors faire appel au
hasard
Nécessité et
utilité des générateurs
pseudo-aléatoires.
présentation
expérimentale. : carré latin à
l'aléatoire.
bootstrap. : de la combinatoire au
bootstap.
Simulation du hasard pour valider
une statistique.
aléatoire et
déterminisme pseudo-aléatoire. Casualisation d'une série pseudo-aléatoire.
Générateurs pseudo-aléatoires
Atkins BT, Duval A, Milne R, Lewis HMA, Sinclair LA, Birks
RO, 1978-1987. Dictionnaire français-anglais Le Robert &
Collins. Dictionnaires Le Robert., Paris. 929 pp. 2e édition.
Bouvier A, George M, 1979-1983. Dictionnaire des
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universitaires de France, Paris. 833 pp.
Dubois J, Mitterand H, Dauzat A, 1964-2002. Dictionnaire d'éthymologie. Librairie Larousse, Paris, 822 pp.
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Larousse 1925.
Lison (livre de stat)
Littré
Marquet C, 1936. Dictionnaire analogique. Librairie Larousse, Paris, 591 pp.
Niobey G, Galiana T. Jouannon G, Lagane R, 1980. Nouveau
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Vesserau A, 1977. Statistiques et franglais. Revue de statistique appliquée, X, YY.
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